On s’était promis de monter bloguer sur tous les bateaux. On avait aussi long qu’un bouquin de Jules Verne et ca peut être long car Jules Verne c’est plus très lisible. Et puis voilà que c’est déjà fini ou presque, qu’ils vont nous manquer, et donc qu’on n’a pas abordé tous les globe-flotteurs.

Et pourquoi nos jumelles, forcément sélectives, pas toujours objectives, n’ont pas repéré Arnaud Boissières, et sa véranda flottante (parce qu’Akéna vérandas, le nom provisoire de son esquif, c’est des vérandas qu’on voit le jardin ou la mer à travers)? Ben c’est peut-être qu’on attendait plus le

ludion sur le devant de la scène maritime et acoustique. Alors, dring, et vers le Cap Vert, voilà Arnaud au téléphone qui sonne. On papote, on sent comme de l’air frais à travers le combiné. On laisse causer. Il partage quoi Cali? Son bien-être d’être entouré d’eaux. « Je suis pas pressé de rentrer. » Il y a un sponsor qui préfererait peut-être une arrivée samedi, une place derrière, plutôt que vendredi une place devant; il y a les « cinq millions » qui lui ont manqué pour jouer devant; il y a un minot de six piges qui doit piger qu’un père bourlingueur mais heureux c’est mieux qu’un père cloué et triste; et allez savoir quoi, l’heure des comptes finalement: « une fois à l’arrivée d’une transat anglaise, j’avais un contrôle Urssaf qui m’attendait. »  Ce qui va valloir à coup sûr l’aterrisage c’est l’homme invisible, à la bobine valeureuse de vieux marin, qui forcément mais discrétement, pas vendredi ou samedi, mais plus tard, va dire trois mots au gamin. On ne connaît même pas son prénom, mais il existe. Cali à un rad préféré aux Sables,  le  Bar du Pont. Un jour, une casquette s’est approchée, une main a tendu un certificat. C’était daté de 1968,  ça certifiait que le Monsieur qui tenait la feuille cent fois dépliée, avait franchi le Cap Horn. Cali: « c’est un marin de la Marchande, un vrai, qui a passé le Cap à l’envers, contre les vents, pour gagner sa vie, et qui aujourd’hui ne roule pas en Cadillac, qui est plutôt à l’arrache.com, que jamais personne n’a applaudi. » 

C’est comme si Cali, tout un tour durant, avait eu du mal à trouver sa vraie place. Il le sait déjà: il repartira. Calimérou s’entourera encore d’eau.