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Les Vents du Globe

La lorgnette a bien des bouts…

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Cammas et la tentation du Vendée Globe

On connaît l’appétence de Franck Cammas pour les vacances. L’autre jour, claudiquant sur sa patte blessée (qu’il a bien failli perdre suite à son accident de décembre), et discourant, il remontait difficilement le courant temporel pour trouver trace de farniente rémunéré : « euh… quelques journées par-ci par-là… ah oui j’ai été au Cap Horn à l’automne pour un trip en catamaran… J’avais aussi été faire le tour de la Nouvelle-Calédonie… C’est souvent la mer… Je ne suis pas toujours très bien en vacances, j’ai parfois l’impression de perdre mon temps. » Plus tôt dans la vie, Francky avait aussi consenti un séjour Club Med à une amoureuse, au cours duquel il n’avait pu s’empêcher de gagner en duo la régate des gentils membres.

Photo Bernard Le Bars 2016
Photo Bernard Le Bars 2016

Franck Cammas navigue 320 jours par an, ce qui, ajouté à son talent naturel, lui permet de collectionner un bric-à-brac de ferrailles, appelés trophées, qu’il entasse sur des étagères oubliées dans la salle de séjour de sa base opérationnelle de Lorient. Quand il fut presque acquis l’an passé, que ni Accor ni personne, ne procurerait assez d’argent pour aller ramener le très convoité, mais aussi le plus moche trophée esthétique qui soit (la fameuse aiguière de la Coupe de l’America que même Tatie Danielle ne voudrait pas pour servir le thé), Franck sentit venir les affres d’un encombrant (pour lui) poil qui gratte dans la main et devient baobab. Alors il déroula son palmarès, long comme un road book moto d’une étape marathon du rallye Dakar, et dénicha une ligne manquante : le Vendée Globe. Ben oui, Francky goes sur tous les podiums –Figaro, Rhum, Jules Verne, Vor – mais pas sur celui-là. « Ca ne m’intéresse pas trop » serinait-il régulièrement. Le mono et le solo c’était du passé. Pourquoi aller doucement quand on peut aller vite? Pourquoi s’emmerder seul quand on peut s’assembler avec les meilleurs? Sauf que quand on est au bout du ponton, et que le vide s’annonce, c’est dans les vieilles vagues que peut s’annoncer la new-wave.

« Oui, un moment, quand on n’arrivait pas à partir sur la Coupe, je me suis intéressé au Vendée Globe  » nous/vous confie t-il.

Comme Franck ne picole guère, ce fut plus qu’une idée de soir de cuite.

« On a regardé sérieusement. L’idée c’était un projet gagnant. »

On l’aurait deviné.

« On a regardé les moules, on a vu des chantier et tout ça, mais on était un peu tard pour construire. L’idéal c’était de racheter SMA… »

SMA, l’ex Macif, l’ancien destrier qui porta François Gabart à une victoire fluide sur le dernier Vendée.

« On était convaincus qu’en le transformant avec des foils, il serait plus rapide que les bateaux neufs soumis aux contraintes de la jauge » (tiens, tiens, avis de pas n’importe qui).

Petite contrariété: Cammas n’est pas le seul à avoir l’œil malin. Michel Desjoyeaux, via sa structure Mer Agitée, avait récupéré le bateau convoité, l’affrétant pour son nouveau protégé Paul Meilhat.

« Alors on a laissé tomber le projet, on allait le faire mal. »

Petit miracle printanier, gros changement de règlement et de budget, enveloppe suffisante de Groupama et la conquête de la Coupe est redevenue possible.

Franck a échappé aux vacances. S.L’H.  

PLUS: à lire samedi dans l’Equipe Mag, Cammas et sa blessure, Cammas et les nouveaux risques, Cammas et la Coupe, mais pas Cammas et le Vendée.

Joyon exilé au Brésil

C’est la double peine. Obligé de monter à Paris un mardi, contraint de partir au Brésil en Avril. Francis Joyon, qu’on imagine vivant sous un bigorneau sud-breton, a été tiré de son abri par Patrice Lafargue, son ami et néanmoins armateur. C’est qu’un bateau avec un salaire qui va avec et un nom de sponsor dessus –IDEC– faut que ça sorte.

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C’est la double peine mais Francis qui a de la reconnaissance et du bon sens se laisse bien faire.

Francis de Locmariaquer (P… c’est dur à écrire le breton) au Georges V de Paris c’est « plus dur qu’une navigation » dixit le recordman du tour du monde et de l’Atlantique. 27éme dans la queue des taxis, ça contraint à se rabattre sur le bus à sardines et à manquer le premier café-brioche.

Ce qui est sympa avec IDEC c’est qu’on cause -et grignote- soit au Bristol, soit au Georges V. « C’est pas chez moi » a précisé Patrice. 

Patrice et Francis c’est impayable et ca se manque encore moins quand c’est gratuit.

Ca peut donner ça.

Francis: « Si je pouvais je naviguerais sur un bateau en bois tenu par des ficelles. »

Patrice: « Ca peut s’envisager. »

Sauf que c’est pas comme ça que Francis concurrencera les gros bateaux tous beaux, tous modernes, tous chers, nés ou à naître, d’Armel Le Cléac’h (Banque Populaire), Yann Guichard(Spindrift), ou François Gabart (Macif).

Francis évoque un trimaran « mature » aprés « sept ans » sur lequel désormais « on ne peut jouer qu’avec des détails. »

Patrice, qui fait du sport et donc mesure l’égalité des armes, est embarassé :

« Francis est délicat dans la formulation. La vérité c’est qu’on arrive au bout de la performance sportive. On réflechit. J’ai pas le droit de dire à Francis de tenter de nouvelles choses sans lui en donner les moyens. Rien n’est décidé. Est-ce que ça passe pas ce bateau là? La débauche d’argent ca nous correspond pas. Ce que je vois aujourd’hui sur l’eau c’est pas nous. Je veux pas de cette image. Il faut être décent. Il faut trouver le compromis. Francis y réfléchit encore plus que moi. »

Francis l’a mal habitué. Il a glané des records et même une transat –l’anglaise– avec des petits chevaux. Peut-il refaire le coup au Rhum en novembre?

Francis: « Y a pas que la machine et l’homme, y a aussi la mer, si le vent est au portant pourquoi pas… »

En attendant, Patrice a prié Francis de tailler une nouvelle route. Ce sera Bordeaux-Rio (en fait Royan-Rio) ou la Route de l’Amitié. C’est un peu pour s’occuper. « On va tâcher d’établir un temps de base correct, dans les quinze jours, sans abîmer le bateau. » C’est aussi pour faire du bien. Lafargue gagne beaucoup de sous. Il est du genre à rendre ça utile. Depuis 2007, il s’est lié avec l’ICEM, l’Institut du Cerveau et de la Moelle Epinière (600 chercheurs, 50 millions de budget). Alzheimer, Parkinson, AVC, dépression, sclérose… Le bateau de Joyon arborera une voile de devant, l’ORC, signée de belles mains et de beaux pieds. Benzema, Ribéry, Ibrahimovic etc… Quand elle aura bien pris le sel entre Bordeaux et Royan elle sera vendue au plus offrant, au profit de l’ICEM.

« Pour permettre aux hommes de rester libres et égaux » dit la plaquette de présentation. 

 Comme dit, Patrice:

« On essaye d’être intelligent et parfois ça nous arrive. »

Au bout de deux heures, et d’un croissant, Francis est reparti avec la marée ferroviaire descendante. Il peut revenir quand il veut. S.L’H.

Gabart fait le tri

Le vent d’Ouest avait porté la nouvelle depuis quelques marées: François Gabart troquera son mono 60 pieds contre un multi 100 pieds…

Pour en dire un peu plus long, la MACIF, conviait au huitième étage, vue sur immeubles, métro Félix Faure, café-croissant..

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On sait ce que c’est les conf de presse. Les boss et les skippers citent le plus souvent possible le mot qui faut. Ca rappelle un jeu télé d’autrefois, l’Académie des neuf, où justement une épreuve consistait à caser à répétition un mot imposé. Donc on a beaucoup dit Macif. Mais pas seulement.

On a écouté un grand Monsieur à moustache blanche, le patron.

« Après le Vendée Globe, Macif a été classé assureur préféré des français, avant il était troisième. »

Une question d’entreprise  s’imposait: stop ou encore? Le 29 août, le conseil d’administration a répondu: plus. Et dit oui aux envies, à cinq millions d’euros par an, de François Gabart.

« Moi j’ai toujours vibré pour les multicoques. J’avais aussi une passion pour le Vendée et ca se faisait en monocoque donc… C’était pas une concession mais presque…

Trimaran_Macif

Un multi de 100 pieds, rien pour lui, pour taper des records solo sur l’Atlantique (2016) ou autour du Monde (2017), c’est donc le rêve qui se perpétue pour le blondinet à peine trentenaire.

Au-delà MACIF du discours MACIF, sans en avoir l’air MACIF, Gabart, dorénavant prescripteur essentiel de la voile, fait le ménage dans les ports. C’est comme s’il avait noyé encore un peu plus la série MOD et ses multi monotype menés en équipage. Le MOD n’a jamais été une alternative dans sa réflexion. Gabart: « Le solitaire fascine les gens. C’est comme ça. Ca tombe bien, je m’éclate. Ca servait à rien d’aller chercher autre chose. » Le MOD ressemble à une erreur de marketing. Ca  nous ramène à une conf de presse FONCIA, de Michel Desjoyeaux FONCIA, après son sublime Vendée Globe, remporté, que dis-je, assommé, avec un handicap de deux jours de retard au départ. Mich Desj devait se réinventer, rêver plus grand. Il avait opté pour le MOD. Aujourd’hui son bateau clapote à Port-la-Forêt. Sans sponsor… C’est triste un bateau qui ne vogue plus. On se souvient aussi du GEANT, vainqueur de la Route du Rhum, longtemps fut suspendu aux cimaises du chantier de mer agitée, invendable, finalement bradé à un néo-Z amateur.

Pas facile de prendre la bonne direction.

Gabart en a choisi une autre. C’est celle qu’indique du doigt les gens, qui montrent les petits marins seuls sur leurs grands bateaux qui s’éloignent dans l’inconnu.

Gabart fait du tri et du tri.

Comme c’est quand même mieux à plusieurs qu’à un, le petit prodige réveille l’idée ultime: une course autour du Monde en solo et en multi… On ferme les yeux et on imagine: Coville (Sodebo), Joyon (IDEC), Lemonchois (Prince de Bretagne), Le Cléac’h (Banque Populaire), Gavignet (Oman), Guichard (Spindrift), Gabart (MACIF)…. Ca se discute. Confidence d’un homme en costard de la MACIF: « On échange, on se réunit, on travaille, on partage des valeurs, des fondamentaux… » (ronrrrrrrrrr…).

-On peut savoir qui il y a autour de la table?

-Sodebo par ex.

-Et IDEC?

-J’en resterais là.

-Mais encore?

-…….

Les conf de presse c’est pas fait pour tout dire. On a repris du jus d’abricot.

 

 

 

 

 

 

 

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